Ce dimanche 30 juin 2024, Jacques Doutaz sera ordonné prêtre à l’église du Christ-Roi de Fribourg par Mgr Morerod. Il nous raconte son parcours de vie.

Une pomme a-t-elle conscience de mûrir avant de tomber de sa branche ?

Question loufoque ? Peut-être… mais pas si étrangère que ça à celle de la vocation, de quelque nature qu’elle soit, d’ailleurs. Qui, en effet, comprend véritablement la mystérieuse maturation capable de transformer, dans le secret du cœur, un appel reçu en un consentement donné ? Un jour, simplement, le fruit est mûr sans y être lui-même pour grand-chose et le « oui » à l’imprévu devient une joyeuse et éblouissante évidence.

Ainsi s’explique, pour l’essentiel, mon entrée en année de discernement à l’âge de 37 ans, alors que j’étais pourtant passionné par mon ancienne profession. Sept ans plus tard, l’heure de mon ordination presbytérale est venue. Des certitudes sur ce que sera « mon » ministère ? Soyons franc, je n’en ai aucune, hormis celle-ci : l’amour de Dieu dépassera toujours mon pauvre entendement. Mes mots ne toucheront personne si je l’oublie, si j’oublie de m’en émerveiller, si j’oublie que cela vaut pour toute personne, indépendamment de mes propres affinités. Le reste importe assez peu. L’Eglise des catacombes n’est pas l’Eglise impériale ; l’Eglise de demain, pas celle d’hier. Mais en dépit de ces changements, l’Eglise demeure le Corps du Christ et les baptisés, ses membres.

Alors, bien sûr, suivre le Christ peut paraître assez peu raisonnable aux yeux du monde. Mais c’est la meilleure réponse que j’ai trouvée « afin que subsiste ce qui ne sera pas ébranlé » (He 12,27).

Jacques Doutaz