Restez fidèlement aux côtés des jeunes!

Restez fidèlement aux côtés des jeunes!

Dennis Pellegrini est un tessinois de 25 ans du diocèse de Lugano. Il a croisé la route des jeunes de Suisse romande lors des JMJ au Panama. Entre ses voyages à Madagascar, en Ouganda, en Syrie et son travail auprès des enfants, découvre le portrait d’un jeune porté par sa foi.

Traduit de l’italien par Nicolas Blanc

De la théologie, du foot, des jeux vidéos

Je m’appelle Dennis Pellegrini et je suis né un 29 mai il y a plus de 25 ans. Je suis né dans un charmant village de la vallée de la Leventina, au nord du canton du Tessin, dont le nom est Faido, plutôt célèbre ces dernières années pour sa cascade où de nombreux touristes viennent en été pour passer un moment de détente dans la nature. Je suis étudiant en théologie et je suis déjà en cinquième et dernière année. Je suis en train de me spécialiser dans le domaine éducatif-pastoral, surtout en ce qui concerne la prévention des abus sur mineurs. Depuis quelques années, je collabore avec la paroisse du Sacré-Cœur de Lugano dans le domaine de l’animation et de l’accompagnement spirituel des enfants et des jeunes. Cette année, j’ai également commencé à enseigner la religion dans les écoles d’Ambrì.

J’ai une grande passion pour le football qui n’a jamais été pour moi un simple jeu mais surtout un véritable art à part entière dans lequel je réussis à exprimer pleinement ce que je suis. À travers lui j’ai aussi beaucoup pu relire ma vie et mes décisions. De plus, j’aime beaucoup le cinéma et suis un grand fan de jeux vidéo, même si ces dernières années mon temps libre s’est raccourci. Mais cette passion, avec celle du football, est certainement d’une extrême importance dans ma relation avec la jeunesse, pour parler en fait leur langue.

Représentant des jeunes de l’Europe au JMJ de Panama

Avant de partir pour le Panama, on m’a demandé de me rendre disponible pour un service dont personne n’avait entendu parler : c’était simplement une demande des organisateurs des JMJ. Arrivé dans ce pays d’Amérique centrale, j’ai découvert que je devais représenter tous les jeunes d’Europe à la journée d’accueil du Pape. On m’a demandé de lire un texte qui m’avait été donné et qui résumait en quelques lignes les espérances des jeunes de notre continent. Tout au long de la cérémonie, j’étais assis juste derrière le Pape sur la scène principale.

Les jeunes suisses aux JMJJ de Panama

Une expérience marquante

J’ai toujours été quelqu’un qui n’aime pas beaucoup parler devant beaucoup de personnes, alors imaginer devoir me retrouver devant des centaines de milliers de personnes, et surtout juste devant le Pape, m’angoissait un peu. Je dois dire que ce fut une expérience tellement incroyable et unique. Sur le coup, je n’ai pas réussi à réaliser pleinement ce qui se passait. Peut-être que même aujourd’hui je n’arrive pas pleinement à réaliser. Mais la joie de pouvoir prendre le Pontife dans mes bras et percevoir toute sa paternité et son humanité a été grande et l’émotion très forte.

Partir en mission – un début de vocation ?

Les expériences que j’ai vécues en Afrique, plus précisément en Ouganda et à Madagascar, ont été des opportunités qui m’ont été offertes et que j’ai attrapées au vol. J’ai toujours eu, depuis mon plus jeune âge, une forte attirance envers les personnes qui vivent dans une grande pauvreté sur le plan matériel (et pas seulement…), en particulier les enfants, c’est pour cela que j’ai nourri le désir de toucher ces réalités de mes propres mains. Lorsque la Pastorale des Jeunes de notre Diocèse de Lugano a proposé ces expériences missionnaires, je n’ai pas hésité. Je suis parti. Ce furent des voyages très courts mais extrêmement intenses, sur le plan personnel et vocationnel. La rencontre avec ces personnes a été pour moi une vraie rencontre avec le Christ. Surtout à Madagascar, j’ai fortement goûté la paternité envers les enfants d’une école qui avaient des problèmes au niveau familial. Cette paternité non biologique a fait émerger plus clairement en moi une vocation qui, peut-être a toujours été présente, mais qui avait besoin de la bonne lumière.

Voyages sur le continent africain

La Syrie, un pays en guerre qui reste attirant

Je commence par le début : la Syrie était mon rêve. Un pays dont je me sens profondément amoureux. Je ne sais pas pourquoi, mais peut-être cet amour est-il né de personnes originaires de ce pays que j’ai rencontrées au Tessin, peut-être parce que j’ai commencé à suivre attentivement l’évolution de sa situation, sévèrement marquée par une guerre absurde. Ou peut-être… pour d’autres raisons. Dieu seul le sait. Quoi qu’il en soit, contrairement à l’Ouganda et Madagascar, qui ont été des propositions que j’ai accueillies, la Syrie était au contraire exactement ce que je désirais. Cet été, je n’y suis allé qu’une dizaine de jours, mais l’idée est de pouvoir continuer à y retourner et travailler à un projet dans ce pays. Un jour, qui sait, j’irai peut-être là-bas plus longtemps. La chose la plus forte que j’ai vécue, au-delà évidemment de ce que j’ai vu chez les personnes et dans les quartiers complètement détruits, c’est quand je suis rentré chez moi : une forte nostalgie. Une envie d’y retourner. Une envie d’être à nouveau là-bas, malgré l’inconfort de vivre dans un pays très différent du mien et malgré les 45 degrés je ne supportais pas…

Voyage en Syrie, été 2021

Un message à nous transmettre ?

Restez fidèlement aux côtés des jeunes! Ils ont surtout besoin d’une présence, d’un exemple, d’un modèle pour les inspirer. Nous devons l’être pour eux, à l’exemple du Christ lui-même, sinon ils trouveront d’autres modèles, et certainement pas positifs.

Des désirs pour l’Eglise d’aujourd’hui et de demain?

Ce que j’attends le plus de l’Église d’aujourd’hui, c’est qu’elle soit davantage orientée vers une vraie écoute et vers une vraie pauvreté évangélique à l’exemple de Jésus-Christ. Je souhaite avant tout que les prêtres ne soient pas de simples administrateurs de sacrements et de simples fonctionnaires liturgiques, mais qu’ils soient surtout des directeurs spirituels, capables de se mettre à l’écoute des gens et de les accompagner sur le chemin de la foi et de la vie. Je souhaite des prêtres qui sentent vraiment l’odeur des brebis. Je sais que certaines personnes objectent en disant qu’elles doivent porter le parfum du Christ. Mais, au cours de ces années, j’ai pu comprendre que le parfum du Christ et l’odeur des brebis sont la même chose.

Accompagner les jeunes

Un message que je pourrais laisser, qui concerne quelque chose de très proche de ce que je vis personnellement, c’est que parfois nous avons la mauvaise tentation d’attendre d’être parfait avant de pouvoir faire un certain choix que nous ressentons dans notre cœur et qui s’est confirmé dans la prière. Nous ne devons pas avoir peur de nous jeter, de nous lancer vers le rêve de Dieu pour chacun de nous. Cependant, je crois fermement à l’importance d’un guide spirituel qui nous accompagne et nous aide à faire le bon choix. Un vrai rêve ne se réalise que lorsque nous ouvrons les yeux, sinon cela reste un rêve.